Le Groupe de travail climat REDD rénové (GTCRR), un regroupement des organisations de la société civile environnementale, s’oppose aux affirmations de Greenpeace Afrique, selon lesquelles, la ministre de l’environnement Eve Bazaiba aurait attribué 1 million d’hectares de forêts à la société américaine Wildlife Works Carbon (WWC) au mépris de la loi.
Pour cette organisation, les affirmations de Greenpeace contenues dans son communiqué publié le 8 avril et dénonçant l’attribution illégale d'un million d’hectares de forêt à une société étrangère en violation de l’article 82 du code forestier sont « tendancieuses, présentées d’une manière globale, ne sont ni cohérentes et moins encore objectives ».
Cependant, GTCRR affirme que la ministre de l’environnement a attribué, en toute légalité, un total de 885.125 hectares de forêts à 3 sociétés congolaises, enregistrées au guichet unique avec des actionnaires différents. Ces sociétés sont ERA Congo Sarl qui a obtenu 118.835 hectares dans le territoire de Basankusu, à l'Equateur, SORFA Congo avec 114.000 hectares à Bikoro, à l'Equateur également, et 282.950 hectares à Basoko, dans la Tshopo. Enfin, WWC Congo Sarl a obtenu 299.995 hectares à Businga, dans la province du Nord-Ubangi.
A en croire le coordonnateur national du GTCRR, Guy Kajemba, le projet développé par ERA Congo dans le Maï-Ndombe réduit non seulement les émissions de gaz à effet de serre mais également la pauvreté des communautés. L’expérience mérite d’être dupliquée ailleurs.
« L’un des projets qui déversent de l’argent liquide aux communautés, c’est le projet ERA Maï-Ndombe. Nous avons suivi ce projet et trouvons que c’est une bonne expérience. Vous constaterez qu’au niveau des communautés et même provincial qu’il y a la vie qui renaît vu qu’il y a l’argent qui circule grâce à ce projet. Mais si vous comparez avec les exploitants, vous verrez qu’il y a des bois qui sont exportés tous les jours mais les enfants des milieux d’où viennent ces bois étudient à même le sol », a-t-il argumenté.
Et de poursuivre: « Dès lors que nous avons l’impression que les intérêts des communautés locales sont mis en mal, nous réagissons. Nous encourageons des projets qui vont dans le sens de réduire non seulement les émissions de gaz à effet de serre mais également qui réduisent la pauvreté des communautés ».
Pour un autre membre du GTCRR, Issa Lingbelu, c’est tout à fait explicable que la RDC puisse expérimenter un modèle de conservation forestière qui se combine avec le développement communautaire.
« La RDC est l’un des pays modèles en matière de protection de la forêt. Nous sommes le cobaye des histoires de REDD. Si aujourd’hui nous expérimentons un autre modèle qui va amener les communautés à se développer, je ne trouve pas le mal. Une organisation internationale veut empêcher que les communautés qui vivent dans la forêt n’en
bénéficient pas. Nous disons non. Il faut que des initiatives commencent, ensuite nous tirerons la leçon, nous corrigerons et avancerons », a-t-il dit.
Précisons que ERA Congo Sarl, SORFA Congo Sarl ainsi que WWC Congo Sarl sont des filiales du géant américain Wildlife Works Carbon (WWC). Opérant dans plusieurs pays au monde, cette société met en œuvre des projets de conservation forestière et de développement durable afin de lutter contre le changement climatique. Elle travaille avec les communautés locales.
Bienfait Luganywa