Carnage à Goma : "Des faux renseignements seraient livrés aux FARDC par un réseau connecté au M23" (IRDH)

Mardi 5 septembre 2023 - 11:16
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Dans une interview accordée à 7SUR7.CD ce mardi 05 septembre 2023, maître Hubert Tshiswaka, Directeur général de l'Institut de recherche en droits humains (IRDH) pense que le carnage survenu à Goma coûtant la vie à plus de quarante congolais serait le résultat « des faux renseignements donnés aux Forces armées de la République démocratique du Congo par un réseau connecté au M23 ».

A en croire maître Hubert Tshiswaka, vu la manière dont les civils ont été assassinés, cela montre que « les services des renseignements militaires des FARDC seraient infiltrés". Il ajoute que la ville de Goma étant sous l'état de siège, les services militaires devraient être aux aguets sur tout mouvement suspect qui risquerait de plonger ce chef-lieu du Nord-Kivu dans la guerre. D'où, a-t-il poursuivi, le nombre de morts explique l'infiltration des forces de sécurité congolaises. 

« Il nous revient de nos contacts sur place que les services de renseignements seraient inféodés et qu'ils auraient reçu de très faux renseignements livrés délibérément aux FARDC par un réseau connecté au M23. Et nous avons affronté cette information par rapport aux règles de gestion des armes à feu dans une région en guerre. Vous savez que le Nord-Kivu est en état de siège et que tous les militaires qui sont aux fronts sont régis par les règlements militaires d'une zone en guerre. Donc, pour que les troupes utilisent les armes, elles doivent être ordonnées et les ordres doivent venir de la hiérarchie militaire. La hiérarchie militaire ne peut donner des ordres que sur base des renseignements reçus des renseignements militaires. C'est pourquoi les analystes sur place disent, non, ces gens, ils ont reçu des faux renseignements leur orientant vers des civils et le résultat est là, c'est le carnage », a-t-il déclaré à 7SUR7.CD.

En outre, maître Hubert Tshiswaka souligne que la situation survenue à Goma est un phénomène de contre-espionnage. Il estime que le service de contre-espionnage des FARDC n'est pas efficace et que les enquêtes doivent être diligentées de ce côté-là.

« Oui, c'est une situation de contre-espionnage parce qu'en période de guerre, la guerre ne se gagne que si on a l'information. Sinon, on sera en train de tirer au hasard. Ce qui nous fait dire que ceux qui ont reçu des renseignements n'ont pas contrevérifié, ils ont été piégés. Ça veut dire que le service de contre-espionnage n'est pas efficace. Il faudrait qu'on puisse orienter les enquêtes de ce côté-là », a-t-il conclu.

Il convient de noter que plusieurs personnalités politiques, militaires et policières ont été déjà interpellées par les autorités congolaises. Selon Peter Kazadi, vice-premier ministre de l'Intérieur, le gouverneur militaire Constant Ndima a été rappelé à Kinshasa pour consultation.

Le colonel Mike Mikombe, commandant de la Garde républicaine (GR) et son collègue Bawili du 19ieme régiment ont été arrêtés. Par ailleurs, Bongo Wifema, commandant en charge des opérations et le commissaire supérieur Luna de la Police, ville de Goma ont été suspendus puis convoqués à Kinshasa.

Le mercredi 30 août dernier, au moins 43 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors d'une manifestation anti-MONUSCO dans la ville de Goma. Cette marche était organisée par la secte mystico-religieuse dite "Wazalendo".

Patient Lukusa, à Lubumbashi

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