Pollution des rivières Tshikapa et Kasaï : La toxicité avait parcouru 1400 km avant de se dissiper dans le fleuve Congo (Scientifiques)

Jeudi 27 avril 2023 - 18:56
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Dans un article scientifique publié dans le journal néerlandais Elsevier, des chercheurs de l’Institut de Science-Technologie et Politique de Zurich, en Suisse, et du Centre de Recherche en Ressources en Eau du Bassin du Congo (CRREBaC) de l’Université de Kinshasa, affirment avoir analysé les impacts de la pollution des rivières Tshikapa et Kasaï due au déversement des résidus miniers par la mine angolaise de diamant, Catoca, entre juillet et août 2021.

Pendant 2 ans, ces scientifiques ont analysé des images capturées par le satellite Sentinelle-2 du programme Copernicus de l’Agence spatiale européenne. Ces images confirment que le front de pollution avait parcouru 1400 km sur les deux rivières avant de terminer sa course dans le fleuve Congo.

« Nous avons suivi le signal de pollution en aval de l'Angola jusqu'en RD Congo sur plus de 1400 km jusqu'à ce qu'il atteigne le fleuve Congo 20 jours après le début du déversement. Les valeurs de turbidité élevées ne laissent aucun doute sur le fait que ce déversement de résidus, dont nous indiquons le début à midi le 24 juillet 2021, a provoqué une importante mortalité de poissons. Il est fort probable que les êtres humains qui ont consommé l'eau du fleuve dans la province de Lunda Norte, en Angola, entre le 25 juillet et le 10 août et dans la province du Kasaï, en RD Congo, entre le 30 juillet et le 17 août 2021, ont subi de graves atteintes à la santé », lit-on dans cet article publié en anglais.

Cette étude contredit les autorités angolaises ainsi que la direction de Catoca qui avaient déclaré, à l’époque, que les résidus qui s’étaient échappés du bassin de stockage des déchets de cette mine à ciel ouvert n’avaient pas une toxicité au-delà de la moyenne acceptable.

« Ces résultats confirment que le déversement de résidus de Catoca a considérablement affecté la qualité de l'eau des rivières Tshikapa et Kasaï avec des concentrations totales de solides en suspension qui étaient 10 fois supérieures aux normes d'eau potable dans la province de Lunda Norte, en Angola, et dans la province de Kasaï, en RD Congo », affirment les scientifiques.

Ces scientifiques précisent qu’ils ont suivi la pollution depuis la mine de Catoca qui se trouve dans la province angolaise de Lunda Norte jusqu’à Kwamouth, un des territoires de la province de Maï-Ndombe, où la rivière Kasaï se déverse dans le fleuve Congo. Sur une distance de 1400 km, les deux rivières congolaises ont été squelettisées grâce à la méthodologie de télédétection par satellite. Ce qui a permis de conclure que la pollution a été réelle et les conséquences pourront se faire sentir pendant plusieurs années.

Notons qu’aucune déclaration n’a été faite depuis septembre 2021 ni par le gouvernement congolais, ni par le gouvernement angolais. « A ce jour, ni les pêcheurs ni les communautés riveraines n'ont reçu de compensation pour les impacts négatifs sur la santé ou les pertes économiques », conclut l’étude.

Bienfait Luganywa

 

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