L'archevêque métropolitain de Lubumbashi dresse un nouveau bilan de 45 morts de suite du massacre perpétré par certains militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le jeudi 23 mars dernier, contre les jeunes du parti politique l'Union nationale des fédéralistes du Congo (UNAFEC).
Dans son homélie de la messe des morts dite le samedi 15 avril 2023 et dont une copie est parvenue dimanche à 7SUR7.CD, monseigneur Fulgence Muteba affirme que ces morts survenues au quartier Kilobelobe dans la commune de Kampemba à Lubumbashi ne sont pas à minimiser.
Citant tous les 45 noms de victimes décédées lors de ces tueries, le chef de l'église catholique dans le Haut-Katanga considère cette messe liturgique comme Jésus Christ qui avait pleuré son ami Lazare. A travers cet exemple, poursuit l'archevêque métropolitain, deux leçons sont à retenir dont la manière de rendre hommage et d'affirmer la beauté des liens d'amour.
"Les cris des mamans qui ont perdu leurs enfants dans cette tragédie rappellent les pleurs de Rachel que le prophète Jérémie nous fait entendre dans la première lecture. Rachel en pleurs, refusa toute consolation est l'image de toutes les mères ici présentes qui ont perdu leurs enfants dans ce massacre du 23 mars dernier, sans savoir pourquoi une telle mort", a-t-il regretté.
Dans la foulée, l'archevêque métropolitain de Lubumbashi regrette aussi la résurgence de l'insécurité dans région, "qui laisse les habitants vivre avec la peur au ventre chaque nuit qui passe".
"Massacre odieux, d'une violence inouïe. Le chagrin des mères, des pères et des familles de ces jeunes à fleur d'âge, de cette tragédie barbare, ce chagrin est tout aussi profond que le cri de pleur de Rachel. Il n'est secret pour personne. Le visage de la ville de Lubumbashi est de plus en plus défiguré. A cause de l'insécurité et des tueries aveugles, notre ville tend à devenir l'épicentre de la violence, une cité de sang, une société de la mort où les habitants font l'amère expérience d'être abandonnés à eux-mêmes. On tue sauvagement, on cambriole, on attaque sans vergogne, on arrache de l'argent et des biens, on viole impitoyablement", a-t-il martelé.
Un massacre à ne pas minimiser
Monseigneur Fulgence Muteba demande aux commanditaires d'arrêter ce jeu dangereux et de permettre un développement de la société malgré les efforts du gouvernement congolais dans la sécurisation des congolais. Il estime aussi que ce massacre des jeunes n'est pas à minimiser.
"Arrêtons de jouer au jeu dangereux qui frustre des pans entiers de notre population et employons nous à bâtir un Congo où chacun a sa place et peut apporter de quoi il est capable pour son édification. Ce qui s'est passé en mars à Kilobelobe n'est pas à minimiser, encore moins à masquer. On aurait tort de le banaliser comme si la vie des jeunes trépassés ne comptait pas. C'est une alerte malheureuse qui peut conduire à un désastre dont personne ne peut avoir le contrôle", a-t-il conclu.
Depuis ce massacre, il s'observe une guerre des chiffres auprès de différents services. La gouvernance sécuritaire du cadre de concertation de la société civile locale avait établi un bilan de plus de 25 morts alors que le gouvernement provincial du Haut-Katanga, à travers le ministre de l'Intérieur qui est président provincial de l'UNAFEC avait parlé de 8 morts dont un par balle et 7 par noyade.
A l'ouverture du procès au tribunal militaire de garnison de Lubumbashi, le ministère public avait, quant à lui, évoqué 6 morts par balle tandis que la partie civile parlait de près de 20 morts. Du côté du parti politique UNAFEC, son président national Jean Ladislas Umba Lungange avait indiqué à 7SUR7.CD que le bilan des tueries des jeunes de sa formation politique était de 21 morts.
Le mercredi 19 avril prochain, la troisième audience du procès est prévue au tribunal militaire garnison de Lubumbashi qui se tient en chambre foraine. Deux militaires FARDC de deuxième classe sont poursuivis par l'organe de la loi pour avoir commandité ces massacres. Des renseignants dont les responsables des morgues, des hôpitaux et de la Croix-Rouge sont attendus pour donner leurs témoignages.
Patient Lukusa, à Lubumbashi