RDC : En cas de problème, des habitants de Kinshasa, Goma et Bukavu préfèrent les organismes privés de sécurité plutôt que la Police en qui ils n'ont pas confiance (Étude)

Samedi 11 juin 2022 - 10:33
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La Police Nationale Congolaise (PNC) n'a pas "une bonne image" auprès de la majorité des habitants de Kinshasa, de Goma (Nord-Kivu) et de Bukavu (Sud-Kivu). "Le niveau de confiance à l'égard de la police est très bas". Certains enquêtés estiment peu probable de recourir à la police en cas de nécessité ; par contre, d'autres considèrent que cette démarche est une "naïveté et surtout une illusion". D'autres encore préfèrent les services des organismes privés de sécurité ou un règlement à l'amiable en cas de problème.

Ce sont les conclusions préliminaires présentées, le vendredi 10 juin 2022 à Kinshasa, d'une étude sur les perceptions de la Police Nationale Congolaise par les populations de ces 3 villes de la République démocratique du Congo. 

Cette recherche a été initiée par le Réseau Africain du Secteur de Sécurité. Elle s'inscrit dans le cadre du projet "Just Futur" mis en œuvre par le Réseau pour la Réforme du Secteur de Sécurité et de Justice (RRSSJ). Elle a été menée par le professeur Balingene. Il est enseignant à la faculté de Droit de l'Université de Goma.

S'appuyant sur les données collectées sur terrain, le professeur Balingene a mis en exergue 2 faits majeurs pour expliquer, de manière globale, "cette tendance à l'adversité". Primo, il a fait mention de la marchandisation des prestations des policiers. Secundo, il a cité le manque des connaissances dans le chef des populations des missions de la Police. 

Dans son exposé, le professeur Balingene a mis un accent particulier sur l'exécution des programmes de sensibilisation des populations pour que celles-ci puissent s'approprier la question policière ainsi que les objectifs et les enjeux de la réforme de ce secteur. Il a préconisé la formation continue des policiers notamment en ce qui concerne leur statut, la discipline, le civisme, le respect des droits de l'homme tout en insistant, par ailleurs, sur l'amélioration de leurs conditions sociales. 

"Dans cette étude, on cherche à connaître les expériences des populations de Kinshasa, Goma et Bukavu au contact avec la police, ce qu'elles pensent et savent de celle-ci, sans vouloir savoir si leurs perceptions sont vraies ou inexactes. L'intérêt c'est de tracer l'image de la police, d'évaluer le chemin parcouru vers sa professionnalisation, et d'identifier des points faibles vers lesquels les politiques publiques peuvent être orientées pour induire des changements et réussir la réforme en cours", a-t-il précisé à la presse. 

Le coordonnateur national du RRSSJ, Emmanuel Kabengele, a embrayé dans le même sens. Il a souligné l'importance de la réforme de la police pour rétablir cette confiance. 

"Notre souci, au nom du RRSSJ avec le partenariat technique du Réseau Africain du Secteur de Sécurité dans le cadre de la mise en œuvre du programme Just Futur, est que les populations puissent faire confiance à la police. Nous pensons vraiment avoir un futur juste avec une réforme réussie de la police. Nous devons arriver à un niveau où quand vous croisez un policier dans les heures tardives en route, vous ne craignez plus pour votre sécurité. C'est encore un pari que l'on doit gagner", a-t-il indiqué. 

Cette étude a ciblé plusieurs catégories de la population notamment les étudiants, les autorités civiles et administratives, les magistrats des parquets, les responsables des partis politiques, les organisations de la société civile, les partenaires extérieurs et les cadres administratifs de la police. Cette enquête s'est déroulée dans les trois villes du 09 mai au 4 juin 2022. 

Merveil Molo