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Quelles sont les options à adopter pour combattre les discours de haine constituant un danger et une menace réelle à la paix en République démocratique du Congo (RDC) ?
Cette question a été au coeur d'un atelier de recherche de consensus sur les stratégies de lutte contre les discours de haine tenu, du 22 au 24 septembre dernier, à l'initiative de l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), du Bureau Conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BCNUDH), de la Mission des Nations Unies pour la Stabilité du Congo (MONUSCO) et du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale (ONUCA).
Les résultats de ces réflexions ont été dévoilés ce jeudi 24 mars 2022 à Kinshasa. C'est la Représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita, qui a remis officiellement le rapport de cet atelier au Gouvernement par le biais du ministre de la communication et médias représenté par son directeur de cabinet.
Dans son speech au cours de cette cérémonie, la patronne de la MONUSCO a mis un accent particulier sur la prise de conscience collective pour bannir des messages incitatifs à la violence et à l’hostilité surtout en prélude de prochaines joutes électorales prévues en 2023.
« Alors que le pays s’apprête à affronter des échéances importantes, il est plus que jamais l’heure de réunir toutes les intelligences pour assurer la crédibilité, l’inclusivité, la transparence du processus électoral qui se voudra respectueux des droits et de la dignité de tous. Opposer les citoyens sur la base de critères discriminatoires comme le genre, l’ethnie ou la religion plantera à coup sûr les germes de la désunion et de l’instabilité. Je tiens à rappeler ici que les discours de haine et l’incitation à l’hostilité sont punies par la loi. C’est le lieu d’inviter les autorités à poursuivre les efforts pour lutter contre l’impunité de tels actes en traduisant leurs auteurs devant les juridictions, qu’ils se trouvent ou non sur le territoire congolais », a déclaré Bintou Keita.
Et d'exhorter : « J’invite également les partis politiques, influenceurs, leaders religieux, artistes, citoyens ordinaires, hommes et femmes à s’engager contre les discours de haine et à se distancier de ceux qui profèrent de tels messages ».
Pour promouvoir l'entente et l'harmonie entre les communautés, elle a souligné la nécessité d'implémenter des politiques publiques prenant en compte les aspirations des couches sociales sans exception.
« Les discours de haine fleurissent dans des environnements où règnent l’exclusion, la violation des droits fondamentaux, l’impunité et l’ignorance. Les prévenir revient à formuler des politiques publiques dans tous les secteurs, pour ne laisser personne de côté. Préparer les générations futures en éduquant les plus jeunes à l’altérité, à la détection des discours de haine et aux valeurs positives telles que la solidarité, le respect et le civisme », a indiqué B. Keita.
Les grandes lignes et recommandations issues de cet atelier
Pour sa part, le Représentant de l'UNESCO en RDC a brossé de manière succincte les grandes lignes et recommandations issues de ces travaux.
À l'approche des échéances électorales de 2023, le Dr Jean-Pierre Ilboudo a affirmé que les participants ont préconisé le lancement en toute diligence d'une vaste campagne multimédia et d'éducation populaire afin de cibler de manière particulière les jeunes, les hommes et les femmes politiques, les journalistes et responsables des médias et de la société civile pour les sensibiliser sur les menaces que les discours de haine font peser sur la paix et la cohésion sociale en RDC.
« Dans la perspective des élections de 2023 et au-delà, une telle campagne doit encourager toutes les franges de la population congolaise à dénoncer avec fermeté les stéréotypes discriminatoires et les manifestations d'incitation à la haine », a-t-il fait remarquer.
En ce qui concerne le secteur des médias, a renchéri le Représentant de l'UNESCO en RDC, il est essentiel d'investir dans l'éducation aux médias numériques et à l'information pour préparer les élèves et étudiants à faire face aux informations erronées, à la désinformation et aux discours de haine.
Dans ce même ordre d'idées, J-P Ilboudo a mis en exergue la proposition faite par les participants de faire de la lutte contre les discours de haine un axe important du programme scolaire.
En vue de prévenir la propension des messages incitatifs à la violence, ces représentations du système des Nations Unies en RDC prévoient, dans les tout prochains jours, d'organiser un forum national sur la lutte contre le tribalisme et les discours de haine.
Merveil Molo