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Le lundi 21 mars 2022, l'humanité entière a célébré la journée internationale des forêts, comme c'est le cas chaque année à cette date depuis 2013. L'objectif est de conscientiser les publics sur les services fournis par les forêts, entre autres la fourniture de la nourriture, des plantes médicinales, de bois et la lutte contre le changement climatique.
Célébrant cette journée à Kinshasa, Greenpeace Afrique, une organisation internationale qui milite pour la protection de l'environnement, et les peuples autochtones venus du territoire d'Ingende de la province de l'Equateur ont demandé au gouvernement d'améliorer sa gouvernance forestière. Ceci pour honorer ses engagements internationaux et améliorer en même temps le vécu des communautés locales.
Pour Greenpeace Afrique, si le gouvernement congolais a la volonté d'améliorer la gouvernance forestière du pays, il devrait déjà publier le rapport de l'audit des concessions forestières réalisé en 2020 par l’Inspection générale des finances (IGF) à la demande de l’ancien premier ministre, Sylvestre Ilunkamba.
"L'accord signé à Glasgow entre le président de la République Félix Tshisekedi et CAFI (Initiative pour la forêt de l'Afrique centrale) dit qu'en décembre 2021, le gouvernement congolais devrait publier l'audit forestier commandité par le premier ministre auprès de l'IGF. Nous dénonçons la non publication de ce rapport qui est un élément capital pour la bonne gestion de nos forêts. A cette occasion, nous venons donc interpeller le gouvernement congolais afin qu'il respecte l'accord qu'il a signé avec les bailleurs de fonds. Nous sommes convaincus que dans ce rapport il y a des éléments qui vont aller dans le sens d'améliorer la gouvernance de nos forêts", a déclaré Patient Mwamba, chargé de campagne forêts à Greenpeace Afrique.
Cette organisation appelle aussi le président Félix Tshisekedi à rejeter la proposition de la vice-première ministre de l'environnement et de développement Eve Bazaiba de lever le moratoire en cours en matière d'octroi des titres d'exploitation forestière.
"(...) Il y a déjà plusieurs violations du moratoire sur l'attribution de nouvelles concessions forestières. Nous disons donc aux bailleurs de fonds qu'il y a déjà violation de l'accord qu'ils avaient signé à Glasgow avec le président de la République, Félix Tshisekedi. Au président de la République, nous lui demandons d'être vigilant par rapport aux mesures qu'il prend à ce sujet et de faire le suivi de celles prises en conseil des ministres. Que la proposition de la levée du moratoire faite par madame Bazaiba soit rejetée en attendant que la bonne gouvernance soit de mise dans ce secteur", a ajouté Patient Mwamba.
Pour les peuples autochtones, leur point de vue a toujours été ignoré chaque fois qu'une décision concernant la forêt est prise. Ce qui fait que les entreprises d'exploitation forestière leur amènent des produits qui ne répondent à leurs vrais besoins.
"Nous sommes venus rappeler au gouvernement que nous pygmées vivons dans la forêt et de la forêt. Qu'on arrête de l'exterminer, de grâce. Nourriture, médicaments et autres nous nous en procurons dans la forêt. Maintenant que cette forêt est en train d'être décimée, quel sera notre sort? Nous demandons aux autorités du pays que chaque fois qu'une décision sur la forêt sera prise, qu'on nous consulte aussi au préalable. C'est nous les propriétaires et en même temps protecteurs de la forêt. A Ingende par exemple, lorsque les sociétés viennent couper nos arbres, elles ne nous amènent que des vélos et matelas. Et pourtant ces histoires ne sont pas notre priorité. Nous avons plutôt besoin des centres de santé et des écoles. Nous vivons misérablement alors que notre forêt enrichit d'autres personnes", a déclaré Soyise Lepierette du Groupe pygmée Bokatola Ingende.
Lors du conseil des ministres du 15 octobre 2021, le président Félix Tshisekedi avait déclaré "avoir été saisi de plusieurs plaintes concernant des irrégularités dans l'octroi des concessions forestières".
Le chef de l'Etat avait ainsi instruit la vice-première ministre de l'environnement et de développement durable de "faire un état des lieux techniques et financiers de toutes les concessions forestières de la RDC, et de suspendre tous les contrats douteux". Cependant, au conseil des ministres du 22 octobre 2021, Eve Bazaiba proposera un projet d'arrêté portant suspension de 6 concessions seulement alors qu'il y en a largement au-delà selon la société civile environnementale.
Bienfait Luganywa