Climat : Un expert propose 5 approches pour que la RDC réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 21% d'ici 2030

Lundi 8 novembre 2021 - 13:06
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7SUR7

Dans un entretien avec 7SUR7.CD le samedi 6 novembre 2021, l'expert en économie du climat et développement durable, Junior Tchiteya, a proposé 5 approches pour que la RDC réalise son engagement international de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 21% d'ici 2030.

A en croire cet expert, la riposte climatique et le développement communautaire sont intimement liés. Il appelle ainsi le gouvernement à réorganiser la gouvernance de la question climatique.

"Nous devons premièrement procéder à la mise en place urgente du conseil national de l'environnement. C'est un organe institué par la loi de l'environnement de 2011 qui prévoit que le secteur environnemental ait un conseil des ministres spécialement dédié à la gouvernance environnementale. La question climatique est hautement transversale. En RDC, elle englobe 3 secteurs. C'est prioritairement la question de l'agriculture, ensuite le secteur de l'énergie et enfin le secteur de l'environnement. Une gouvernance sectorielle d'une thématique où les réponses sont multisectorielles est une gouvernance efficace ? Le gouvernement doit décloisonner sa démarche", propose-t-il.

Junior Tchiteya a évoqué le programme "1 milliard d'abres" du chef de l'Etat. Selon lui, ce projet est l'un des principaux piliers pour que la RDC réalise sa contribution déterminée à l’échelle nationale (CDN).

"Nous revendiquons la mise en place effective du programme 1 milliard d'arbres, qui n'est pas un programme d'annonce politique. C'est un programme de transformation des vies des communautés autour de la riposte climatique. Nous voulons que ce programme quitte les intentions ou rapports politiques vers la véritable transformation des vies des communautés et la création d'emplois. Ce programme devrait générer pas moins de 3 millions d'emplois directs et devrait permettre de sortir de la pauvreté pas moins d'un million de ménages. Pourquoi devons-nous rester dans des slogans et ne pas aller dans les investissements conséquents?", s'est-il interrogé.

En ce qui concerne les 3ème et 4ème approches, le concepteur du programme "1 milliard d'abres" a respectivement évoqué la justice climatique pour la femme et les opportunités économiques qu'offre la riposte climatique.

"La femme est la première victime du changement climatique. Quel est son véritable rôle dans la politique climatique ? Quelles sont les ressources affectées au ministère du genre, organisations de la femme, à la femme maraîchère, à cette femme qui, à cause du dérèglement climatique, ne puise pas de l'eau à un km mais plutôt à 4 km ? Nous voulons une véritable justice climatique dans laquelle la femme bénéficie des atouts nécessaires qui permettraient de faire de l'adaptation de sa vie au quotidien à ces dérèglements climatiques et participer ainsi aux efforts d'atténuation", a suggéré l'expert.

Et d'ajouter : "Le climat est la première opportunité économique de la planète. Et donc, nous voulons une économie du climat réelle et la création des emplois verts. Il est impossible de développer un secteur économique sans avoir une main-d'oeuvre. Le ministère de la formation professionnelle, de l'emploi et les autres peuvent développer un programme massif d'emplois verts qui vont permettre à nos jeunes d'être des entrepreneurs du climat via des solutions qui permettent d'éviter la déforestation, d'augmenter la reforestation et éviter différentes types d'émissions. Bref, créer un nouveau paradigme de développement".

D'après Junior Tchiteya, 10% du budget national de la RDC peuvent permettre la réalisation de toutes ces approches, qui se résument en deux secteurs, à savoir l'atténuation et l'adaptation. Ces deux secteurs ont un point commun qui est l'agriculture.

Aux négociateurs du gouvernement qui sont à Glasgow, Junior Tchiteya leur conseille d'être factuels, en évitant des déclarations sans projets concrets.

"Aux négociateurs congolais qui sont à Glasgow à la COP 26, nous leur demandons 4 choses. Premièrement, mobiliser des fonds immédiatement pour l'agroécologie. Nous avons un plan national de relance agricole 4,5 milliards de dollars qui doit sédentariser 15 millions de ménages. La sédentarisation de ces ménages devrait atténuer la déforestation de pas moins de 50%. De deux, le gouvernement s'est engagé à augmenter le taux d'accès à l'énergie et la cuisson propre. Que cela soit la priorité des négociateurs. De trois, qu'ils nous reviennent avec les financements de 1 milliard d'arbres pour que nous ayons quelque chose de factuel d'ici 5 ans. Il ne faut pas que nous revendiquions seulement notre rôle de pays-solutions. Nous sommes dans une approche marché donnant-donnant. Commençons par accéder aux ressources urgentes liées à nos priorités. Et quand nous serons forts, nous serons en mesure de revendiquer le leadership qui nous revient de droit. Enfin, que nos négociateurs soient factuels. Ils doivent maîtriser le portefeuille de projets qu'ils ont pour savoir quels types de financements qu'il faut  modéliser pour pouvoir les déployer", a-t-il conclu.

Pour rappel, lors de la réunion des dirigeants mondiaux sur les forêts et l'utilisation des terres, le mardi 2 novembre dernier à Glasgow où se déroule la COP 26, le président de la République, Félix Tshisekedi a annoncé que la RDC a revu de 17 à 21% sa contribution déterminée à l’échelle nationale (CDN) pour répondre à l'objectif planétaire de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C à l'horizon 2030.

Bienfait Luganywa

 

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