Dans la soirée du mardi 2 novembre 2021, une délégation de Greenpeace Afrique a été reçue à la primature par le directeur de cabinet adjoint du premier ministre, Michel Mulombo, qui a réceptionné au nom du chef du gouvernement une pétition signée par plus de 100.000 personnes protestant contre la décision du gouvernement de lever le moratoire sur l'attribution de nouvelles concessions forestières.
Répondant aux questions de la presse à l'issue de cette audience, le chargé de campagne forêt de Greenpeace Afrique, Serge Sabin Ngwato, a déclaré qu'ils ont reçu l'assurance que le premier ministre lui-même va communiquer officiellement sur cette rencontre.
"La primature va faire une communication officielle par rapport à notre rencontre d'aujourd'hui, par le premier ministre lui-même. Notre demande a reçu des assurances de la part de ceux qui nous ont reçu aujourd'hui et nous pensons que la décision qui va être annoncée sera dans le sens de rencontrer notre demande de maintenir le moratoire et de travailler à l'amélioration de la gouvernance du secteur forestier en RDC", a-t-il déclaré.
Concernant la programmation géographique des forêts exigée à CAFI par le gouvernement pour maintenir le moratoire, Greenpeace Afrique dit ne pas être satisfaite et promet de continuer la mobilisation, car le problème sur terrain est plus profond.
"C'est un engagement très minima parce que nous avons demandé aux deux parties, bailleurs des fonds et gouvernement de la RDC, d'étendre le moratoire au moins pour la durée de l'accord. Donc, une durée qui est inférieure à cet accord. Une année ou deux ans, n'est pas tenable parce que les preuves que nous avons, issues de nos différentes missions de terrain, nous permettent à dire aujourd'hui qu'en une année on peut lever le moratoire. Le problème est plus profond, ça se pose en terme de gouvernance. Il faut plutôt créer et renforcer les meilleures conditions pour améliorer la gouvernance dans le secteur forestier", a dit Serge Sabin Ngwato.
Pour le coordonnateur de l'ONG "Save your green world", Guy Daniel Mwankana, qui a pris part à cette audience, le moratoire doit être maintenu parce que le secteur forestier congolais connaît encore un sérieux problème de gouvernance.
"Le moratoire a aidé le pays pendant beaucoup de temps à gérer les problèmes de la forêt. Nos forêts sont mal gérées, nos communautés locales ont des problèmes. Il y a beaucoup de conséquences. Comment voulez-vous qu'on commence à vendre les concessions alors qu'on ne sait même pas gérer ce qui est mis à la disposition de l'Etat. On ne peut pas identifier des titres qui ont été donnés et ce que les exploitants paient. Ils exploitent illégalement et ne respectent pas les dimensions d'arbres à couper (...). Nous demandons juste que le moratoire ne soit pas levé. Nous sommes sur terrain et savons les dégâts que ça donne. Je suis Congolais vivant au Congo, je ne peux que défendre les intérêts de mon pays", a lâché cet environnementaliste.
Pour rappel, la vice-premier ministre de l'environnement et de développement durable, Eve Bazaiba, avait fait adopter au conseil du 9 juillet dernier 10 mesures urgentes pour une gestion durable des ressources naturelles de la RDC, notamment la levée du moratoire sur l'attribution de nouvelles concessions forestières, en vigueur depuis 2002.
Cédant partiellement à la demande de la société civile environnementale, dans la lettre d'intention de la 2éme phase du partenariat RDC- CAFI dont le communiqué conjoint a été signé le même mardi à Glasgow entre le président de la République Félix Tshisekedi et Boris Johnson, premier ministre britannique, la RDC a accepté de surseoir la levée de ce moratoire le temps que la programmation géographique soit réalisée au plus tard le 31 décembre 2022 sur financement de CAFI.
Bienfait Luganywa