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Dans son rapport publié ce jeudi et intitulé « Covid business en RDC - Repenser la riposte aux épidémies », le Groupe d'Études sur le Congo (GEC) épingle des faiblesses liées à la riposte contre cette pandémie caractérisées par la mégestion des ressources financières, le déficit de communication et la mauvaise prise en charge des patients ainsi que la démotivation des prestataires de santé.
Ces irrégularités ont été aussi constatées dans la gestion des autres épidémies auxquelles fait face le pays, entre autres, la rougeole, le choléra, Ebola etc.
Pour améliorer la gouvernance de la réponse à la Covid-19 et s’adapter à ce virus, le GEC souligne que plusieurs structures ont été créées notamment, un conseil consultatif, une task force présidentielle et un fonds de solidarité en vue de mener des actions pour contenir le Covid-19.
« Cette prolifération des structures a entraîné une confusion budgétivore sans parvenir à régler l’ensemble des défis soulevés par les précédentes ripostes : mauvaise gestion des ressources humaines et financières, mauvaise circulation de l’information et rivalités entre acteurs, qui aboutissent à une mauvaise prise en charge des patients et à une démotivation des personnels de santé », lit-on dans cette étude qui examine les défis organisationnels et de gestion de la riposte mise en place depuis mars 2020.
Au contraire, fait remarquer le GEC, ces dispositifs ont alourdi considérablement le budget de la riposte sans en améliorer la gestion financière.
D'après ce rapport, le gouvernement congolais s’était engagé en avril 2020 à justifier l’utilisation de 363, 27 millions de dollars alors alloués par le Fonds monétaire international (FMI) pour atténuer les effets de la pandémie de Covid-19 et, notamment, à publier des contrats sur des dépenses liées à la riposte.
« Un an plus tard, il n’a été en mesure de publier sur le site du ministère de la santé qu’une quarantaine de documents, dont la moitié de contrats, pour un montant de 6,3 millions de dollars », indique le GEC.
Cette étude fait également état d’abus présumés de gestion financière qui concernent, par exemple, le business des primes, la surfacturation et l’opacité dans la gestion des revenus des tests voyageurs.
« D’autant que le ministère de la Santé et le Secrétariat technique se sont refusés ou n’ont pas été en mesure de communiquer au GEC ni les effectifs ni le montant des primes allouées par catégories d’agents de la riposte », précise le GEC.
À en croire le groupe d'experts, le Covid-19 a mis à rude épreuve la RDC dont le système sanitaire est défaillant et sous-financé. Dans cette condition, le ministère de la Santé profite de cette situation pour « payer des primes pour le personnel qui n’est pas bien rémunéré normalement, mais aussi pour acheter, dans des proportions plus limitées, des équipements et réhabiliter des bâtiments. Or ce type d’aide ponctuelle ne renforce pas ses capacités de gestion et provoque des effets pervers ».
Plusieurs pistes de solutions sont proposées par le GEC pour éviter de telles irrégularités. Il s'agit de la rationalisation de l'organisation du secteur de la santé ainsi que la réforme de la gestion des ressources humaines de la riposte.
Il faut y ajouter un mécanisme de contrôle externe sur l’ensemble des actions menées dans le cadre de la riposte à la pandémie de Covid-19 et à celle des épidémies en général ainsi que la mise à jour du plan stratégique sanitaire et les revues périodiques qui devraient être rétablies et rendues publiques pour permettre d’accroître la confiance en la coordination de la riposte et un meilleur suivi de ses actions par tous.
Déclarée en mars 2020, la RDC compte officiellement environ 54.000 cas de Covid-19, dont plus de 1.050 décès, d'après le GEC.
Merveil Molo