C’est avec tristesse et étonnement que nous avons appris l’arrestation arbitraire et l’emprisonnement extrajudiciaire de Mr Sekunzi Zakariya Bonheur survenue le 13/02/2021 à l’aérodrome de Minembwe par les FARDC sous commandement du général Muhima. Il sied de rappeler que Monsieur Sekunzi Bonheur a été débarqué d’un vol à destination de Bukavu où il se rendait pour poursuivre de soins de santé appropriés. Selon un membre de famille qui n’a pas voulu être cité, sa condition sanitaire est grave; elle exige un traitement urgent et approprié sans laquelle sa vie reste en danger; raison pour laquelle il allait à Bukavu pour se faire soigner.
Aujourd’hui (lundi, le 15/02/2021) nous venons d’apprendre qu'il vient d'être transféré à Kinshasa manu militari sans préavis comme un coli. Il subit une détention extrajudiciaire au Bureau 2 (sécurité militaire). Ce bureau n’est autre que la version rénovée de la fameuse Détection militaire des activités anti-patrie (DEMIAP). Les Banyamulenge savent que faire la prison à la DEMIAP équivaut à une peine de mort. En effet la communauté Banyamulenge garde encore les tristes mémoires du carnage de plusieurs de leurs commis par cette branche militaire entre 1998 et 2003 dont les méthodes n’avaient rien à envier à celles de la Gestapo.
L’allégation principale faite par la 12ème Brigade (FARDC) contre Mr Sekunzi Zakariya Bonheur est qu’il serait chef rebel. Cette allégation ne tient pas debout; elle est fausse et cousue de toutes pièces.
Mr Sekunzi Zakariya Bonheur n’a jamais été militaire. C’est un civil comme tout autre membre de la communauté Banyamulenge. Les FARDC n’ont pas de preuves qu’il a été dans l’armée. Il n’est ni rebel contre le gouvernement ni seigneur de guerre comme des chefs mai mai armés par ceux qui prétendent restaurer la paix alors qu’ils jouent aux pyromanes. Il a été arrêté arbitrairement tout simplement parce qu’il est membre de la communauté Banyamulenge. La communauté est et reste twirwaneho dans toute son entièreté parce que n’ayant aucune autre forme de protection de la part du gouvernement. Les Banyamulenge sont contraints de s’auto-défendre pour survivre.
S’agissant de chefs des milices mai mai qui dans le passé ont combattu les forces loyalistes de la RD Congo, la 12eme brigade FARDC ne les arrêtent pas, au contraire, ils festoient ensemble et se promènent librement sans être inquiétés.
La 12ème brigade est mieux indiquée pour savoir que Twirwaneho n’est pas un groupe rebel. C’est mouvement d’auto-défense; c’est la population Banyamulenge qui se défend (auto-defense pour la survie) contre les expéditions mai mai et leurs alliés y compris des éléments FARDC qui ne visent que l’annihilation de la communauté Banyamulenge. Il ne s’agit pas d’un groupe rebel contre le gouvernement.
La communauté Banyamulenge s’indigne du fait que la 12ème brigade FARDC n’a pas pu protéger des paisibles citoyens malgré son arsenal militaire et ses milliers d’hommes cantonnés partout dans des zones où opèrent librement les assaillants mai mai.
Ce qui fâche le plus c’est de savoir que malgré l’incapacité de protéger ; l’armée refuse aux Banyamulenge le droit à l’auto-défense qui pourtant constitue un droit fondamental de tout État démocratique. Il sied aussi de rappeler que la contrée de Kamombo où se trouve les auto-défenseurs Twirwaneho constitue le seul oasis de paix où toutes les communautés résidentes convergent et vivent encore en symbiose. Les zones sous contrôle des mai mai à l’intersection des hauts plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga sont devenues quasi désertes.
Il faudrait aussi rappeler que quand bien même Monsieur Bonheur serait rebel (ce qu’il n’est pas) depuis la tenue des négociations de Murhesa (près de Bukavu) les responsables de groupes armés et leurs représentants circulent librement dans plusieurs villes de l”Est sans être inquiétés par les forces armées de la RD Congo. Les représentants de groupes rebels et du mouvement d’auto-défense Twirwaneho ont participé et continuent de participer aux forums gouvernementaux visant à restaurer la paix dans les hauts et moyens plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga.
L’arrestation arbitraire de Mr Sekunzi Bonheur n’est pas isolée. Depuis 2019 et le déploiement massif des FARDC dans les hauts plateaux ; nous avons enregistré concomitamment l’augmentation d’attaques mai mai sur des populations Banyamulenge, l’incendie des villages, la razzia des vaches et l’arrestation arbitraire des membres de la communauté Banyamulenge (surtout les jeunes en déplacement) dans les territoires d’Uvira, Mwenga et Fizi. Les déplacements de Banyamulenge deviennent de plus en plus difficiles et dangereux.
En effet, les Banyamulenge qui vivent à Minembwe et Mikenke sont assiégés. Toutes les périphéries du centre qui constituaient de prairies et de champs cultivables sont devenues de “no go zones” ceux qui osent se déplacer au-delà des limites du centre pour se procurer de quoi manger sont exécutés sommairement par les mai mai ou arrêter par les militaires. Les voies empruntées autre fois par les commerçants et les voyageurs des hauts plateaux Rurambo - Katanga-Bijombo-Kabara- Minembwe sont devenues désertes et infréquentables à cause des groupes Maï-Maï qui tuent et pillent les voyageurs Banyamulenge. Les groupes mai mai sont aussi devenus coupeurs de routes de déserte qui constituaient la principale voie d’approvisionnement en produits vivriers.
S’agissant des jeunes Banyamulenge, ils subissent de tracasseries répétitives des agents de sécurité sensés protéger tout le monde. L’agence nationale de renseignements (ANR) fait une véritable chasse à l’homme surtout à Uvira et les FARDC à Minembwe. Elle arrête sélectivement et arbitrairement ses victimes Banyamulenge qui sont ensuite soumises à de détentions extrajudiciaires. Nos sources indiquent que l’agence collaborerait avec certains agents mai mai dont les plus connus dans la ville d’Uvira sont Naluvumbu et Jotham. Ils ont pour mission de créer de problèmes aux jeunes Banyamulenge à travers de fausses accusations de tout genre et malheureusement, l’agence les aide dans leur sale besogne.
Rappelons aussi que six jeunes Banyamulenge nommément Serugo Mugenza, Rubibi Benjamin, Ngoma, Ndakize, Livingstone et Boaz ont été arrêtés dans la plaine de la Rusizi au sud-kivu en 2020. Après quelques semaines de torture, ils ont été transférés nuitamment à Bukavu puis à Kinshasa sans pouvoir informer leurs familles où ils croupissent injustement dans la prison.
Notons aussi que les jeunes Banyamulenge Ndayishimiye Eric & Byishimo Nkomezi ont été arrêtés par l’ANR et sont gardés toujours sans procès ni condamnation judiciairement à la prison centrale d’Uvira. Le nombre des jeunes Banyamulenge arrêtés, transférés et enfermés en prison pendant des mois à Kinshasa sans procès sur base de simples allégations devient de plus en plus crossant.
Nous demandons au président de la République Son Excellence Felix Tshisekedi Tshilombo d’intervenir en faveur des victimes innocentes Banyamulenge à fin qu’ils soient libérées.
Jacques Murinda
Vice President de Mahoro Peace Association US